Passion, sérieux du travail, sens du détail et de la finition, sont notre credo
LANCIA Augusta cabriolet 1936
Nous accueillons aujourd'hui avec grand plaisir une très rare Lancia Augusta cabriolet de 1936.
Très rare est sans doute un qualificatif un peu optimiste...puisqu'il s'agit en réalité d'un modèle unique !
En effet, ce véhicule a été entièrement recarrossé par les ateliers Langenthal, maison fondée en 1888 et ayant collaboré avec Lancia.
La transformation date vraisemblablement de 1946 et est l'unique recensée à ce jour. Plus tard, Langenthal effectuera le même travail sur trois Aprilia cabriolet, en 1948 et 1949.
Sa ligne "ponton" très réussie en fait un véhicule très élégant, particulièrement en configuration décapotée.
Le véhicule a été entièrement, et brillament, restauré il y a une dizaine d'années, il est donc dans un bon état de fonctionnement et de présentation.
Son propriétaire, qui vient d'en faire l'acquisition, nous la confie cependant pour remédier à un certain nombre de défaut esthétiques liés au temps, mais aussi à quelques dysfonctionnements mécaniques nuisant au confort de conduite plus qu'à l'aspect purement fonctionnel.
Les travaux à effectuer seront principalement:
- La réfection complète de la sellerie
- Quelques reprises de carrosserie
- Une remise à niveau mécanique: tenue de cap floue, réfection de la suspension arrière, révision moteur, reprise de la ligne d'échappement, etc...
)
)
)
)
)
Travaux sur les trains roulants :
Nos premiers essais routiers, suivis d'une passage réussi du contrôle technique, mettent en évidence le bon fonctionnement général de la mécanique.
Le moteur fonctionne normallement et sans bruits, le freinage est efficace, la transmission exempte de vibrations.
En revanche, la tenue de cap est plutôt aléatoire, le véhicule est très sensible aux défauts du revêtement, et des réactions de suspension désagréables soe font sentir.
Nous commençons donc nos travaux par ces trois sujets, qui nuisent fortement au confort de conduite.
Un rapide examen de la commande de direction montre que le boitier lui même fonctionne normallement, mais que toutes les biellettes ont un jeu important.
De toute évidence, silentblocs et réglages n'ont pas été contrôlés depuis longtemps, si on en juge par leur simple état visuel.
Un démontage complet est effectué.
Tous les axes, si particuliers car excentriques, sont en bon état. En revanche, trois des quatre pions de verrouillage de réglage sont cassés.
Ces axes excentriques sont sur ce véhicule le seul moyen de réglage du parallélisme, et du point milieu de la direction.
En effet, les biellettes ne sont pas réglables à l'aide d'un classique manchon fileté, que l'on trouve en général sur tous les véhicules de cette époque.
Les silentblocs sont tous en piteux état également.
Tous les silentblocs sont remplacés, les pièces nettoyées, et des goupilles mécanindus remplaceront les pions cassés.
Il faut à présent passer au banc de géométrie pour un réglage fin.
Avant cela, intéressons nous à la suspension !
D'une part le véhicule penche fortement côté passager, et d'autre part on ressent nettement sur route, au passage d'un dos d'âne, un tendance à louvoyer du train arrière.
Le démontage des deux paquets de lames nous fournit rapidement des informations:
- Côté passager, les axes des jumelles sont extrêmement usés, et les trous de fixation des axes fortement ovalisés.
- Le silentbloc avant, côté passager toujours, est détruit.
Il devrait donc "suffire" de remédier à ces défauts, qui provoquent un manque de tenue important du paquet de lames, pour retrouver un comportement normal.
Bien entendu, le côté conducteur, bien qu'en bon état, sera revu également.
Une surprise nous attend au désassemblage du paquet de lames: les deux lames supérieures sont montées en opposition par rapport aux autres !
Les lames sont décapées, réassemblées et repeintes.
Deux axes sont refabriqués. Les logements sur les jumelles étant très usés, nous passons d'un diamètre de 8mm à 10mm, et réalésons la bague correspondante sur les lames.
Nous pouvons à présent reposer le véhicule sur ses roues...après avoir repeint les jantes qui étaient très défraichies.
Les tambours, gris car bruts de sablage, sont laqués en noir afin de faire ressortir les rayons des jantes.
Le résultat final est bien plus esthétique et allège la ligne globale du véhicule.
)
)
)
)
)
)
)
)
)
)
)
)
)
)
)
)
)
)
)
)
)
)
)
Ligne d'échappement :
La ligne d'échappement présente sur le véhicule est en inox, et visiblement réalisée sur mesure pour ce véhicule.
Son seul défaut est d'être le point le plus bas du véhicule, tant au niveau de la descente depuis le collecteur, que de la sortie à l'arrière, d'ailleurs fortement déformée par de nombreux contacts avec le sol.
Il est important d'y remédier car le risque de briser le collecteur en fonte est important si un choc violent avec la route se produit.
Au niveau de la descente, nous supprimons "simplement" un tronçon de quelques centimètres, puis posons un manchon, qui permet également d'orienter la ligne.
A l'arrière, nous réalisons un tube coudé, qui s'intègre discrètement et permet de gagner 10 centimètres de garde au sol.
)
)
)
)
Alimentation en essence:
Le filtre à essence, bien que très récent, est rempli au tiers d'une boue brune étrange.
Nous décidons donc de déposer le réservoir d'essence afin de le nettoyer.
Sa vidange ne laisse aucun doute quant à son état intérieur, il suffit d'observer l'état du sommet de notre bidon ayant reçu des éclaboussures !
Le filtre est lui aussi très encrassé, et un coup d'oeil dans le réservoir, par le puits de jauge, montre une fine couche de rouille uniforme.
Une fois le réservoir nettoyé, nous remplaçons la jauge à essence, qui ne fonctionnait pas.
Une jauge 6V d'impédance adaptée, dont nous mettons en forme la tige, permet de retrouver un fonctionnement normal et une indication exacte au tableau de bord du niveau d'essence.
)
)
)
)
)
)
)
)
)
)
)
Révision mécanique et esthétique moteur :
Même si le véhicule fonctionne correctement, une révision générale est effectuée afin d'assurer fiabilité et confort de conduite sur le long terme.
Compte tenu de l'état du réservoir d'essence, nous débutons les travaux par le démontage du carburateur.
Son axe ne présente aucun jeu, aussi nous pouvons envisager sereinement un simple nettoyage.
La cuve est logiquement pleine de dépôts identiques à ceux du réservoir.
Un nettoyage complet aux ultrasons, puis un remplacement des joints, et ce carburateur est bon pour le service.
L'allumage est à son tour révisé.
Le passage au banc de test permet de contrôler la courbe d'avance de l'allumeur. La tête est en excellent état, elle sera nettoyée et le faisceau changé. Des fils noirs seront plus esthétiques, de même qu'une bobine neuve qui remplacera avantageusement le modèle bleu vif actuel, dont la base est endommagée par un frottement avec le bloc moteur.
Bougies et vis platinées sont remplacés, le calage initial peut alors être réglé.
Ces mécaniques à moteur V4 ne sont pas sensibles à la surchauffe, ce qui n'est pas une raison pour rouler avec un radiateur colmaté ou endommagé !
Celui ci est donc contrôlé: après avoir désoudé les boites à eau, le faisceau est tringlé.
Pour l'esthétique, l'hélice du ventilateur est nettoyée et avivée....le plaisir des yeux est aussi un paramètre important quand on utilise un véhicule ancien !
Un "coup de propre" général est fait dans le compartiment moteur, à l'image du bocal de liquide de freins.
Le cache culbuteurs est lui aussi décapé puis repeint, et d'une manière générale tous les éléments subissent un nettoyage en profondeur.
Cela permet de retrouver un aspect agréable à l'oeil du compartiment moteur.
Si le circuit électrique ne souffre d'aucun défaut apparent, l'absence de coupe circuit est à déplorer.
Nous en mettons donc un en place.
Il s'agit d'un modèle à clé, qui pourra servir tout autant d'antivol que de sécurité lors des immobilisations prolongées du véhicule.
Une révision d'entretien est effectuée pour terminer, à l'image des vidanges et rempalcement de tous les fluides.
La qualité des huiles utilisées est très importante pour ce véhicule, à la mécanique certes d'avant garde pour son époque...mais qui n'en reste pas moins de conception très ancienne.
)
)
)
)
)
)
)
)
)
)
)
)
)
)
)
)
)
)
)
)
Travaux de sellerie :
La sellerie en cuir est en fin de vie, tant au niveau de l'état de surface du cuir, que de celui des mousses des sièges, qui n'offrent plus beaucoup de maintien ni de confort.
Une réfection totale est donc au programme.
Un beau gris clair, sobre et très élégant, est choisi.
Les planchers, recouverts de simples tapis caoutchouc "au mètre", sont garnis d'une moquette taillée sur mesure.
Au niveau des pieds, des tapis amovibles sont posés, eux mêmes recouverts de surtapis facilement nettoyables.
Celui du conducteur est recouvert d'une talonette afin de limiter l'usure.
La banquette arrière et les panneaux latéraux, munis d'accoudoirs, sont reproduits à l'identique et mis en place.
A l'avant, les sièges sont repris intégralement.
Les armatures sont repeintes, les mousses et rembourages remplacés.
Cela permet d'obtenir un confort de conduite et un maintien bien meilleurs.
Au niveau purement esthétique, les sièges, lisses auparavant, sont dessinés à l'identique de la banquette arrière, avec des côtes larges.
Les panneaux de portes sont également repris entièrement, et leur dessin revu.
Les poignées et beandeaux sont avivés pour un rendu esthétique le plus abouti et agréable à l'oeil.
De même, le bandeau bois garnissant le sommet du tableau de bord est rénové.
Tâche difficile car ce bois clair, presque jaune et sans veinage, doit retrouver un aspect harmonieux par rapport au cuir de la sellerie.
Un ponçage profond, puis l'utilisation de divers produits permettant de le teinter, nous permettent d'obtenir la couleur voulue.
Nous "trichons" pour obtenir le veinage, en appliquant un vernis plus foncé avec un pinceau dur.
Le coffre est à la même enseigne que l'habitacle: cuir et moquette viennent le garnir et donner un bon niveau de finition.
La boite à outils sous le capot, qui servira surtotu de boite à gants en l'absence de celle ci au tableau de bord, est également garnie.
)
)
)
)
)
)
)
)
)
)
)
)
)
)
)
)
)
)
Carrosserie et esthétique, fin des travaux :
Si la peinture ne souffre pas de défauts nécessitant une réfection complète, celle ci est tout de même légèrement ternie par le temps.
Nous effectuons donc un polissage, qui redonne un brillant plus agréable à l'oeil.
Le capot présente des craquelures au niveau des rivets de fixation de la charnière. Nous décidons de supprimer ces rivets au profit de soudure par bouchonnage, et de reprendre la peinture.
Quelques détails disgracieux sont repris, à l'image du câblage apparent des feux arrières: les flexibles métalliques sont remplacées par des gaines en coton tressé, plus discrètes et en harmonie avec le reste du véhicule.
Différents badges sont apposés sur la carrosserie, et les pneus nettoyés.
Les derniers essais effectués et le contrôle technique obtenu, le temps clément et ensoleillé de cet hiver 2015 nous permet une séance photo devant l'atelier, avant le départ du véhicule.
)
)
)
)
)
)
)
)